Pendant son séjour sur place, la promotion 2001-2003 de l’École de Chaillot s’est investie sous la forme de quatre ateliers, traitant quatre sites patrimoniaux caractéristiques : une église romane des bords de Loire à Dampierre, un couvent de la contre-réforme, la Visitation, une friche archéologique du XIe au XVIIe, la caserne Feuquières au château et un îlot urbain déstructuré autour des remparts du XVe, le couvent des Cordeliers.
Au travers de leur travail sur le terrain et des documents finaux présentés puis exposés, ces quatre ateliers ont prouvé aux élus et aux Saumurois la pertinence de leur démarche. La clarté de leur méthodologie, la rigueur de leurs analyses, la pédagogie de leurs projets et la lisibilité de leurs propositions ont su convaincre les plus sceptiques. Leur enthousiasme, leur simplicité, leur manière de s’investir « à bras le corps » intellectuellement et physiquement ont beaucoup participé à l’intérêt et à la réceptivité de leurs « hôtes » vis-à-vis de leurs travaux. Ils ont su donner à leur professionnalisme une dimension relationnelle qui leur a ouvert les portes et les cœurs. Aujourd’hui, deux des sites étudiés méritent une présentation détaillée.
La caserne Feuquières
Cet atelier s’est appliqué à valoriser un élément considéré comme secondaire dans l’enceinte prestigieuse du château de Saumur, l’ancienne caserne Feuquières. À la suite d’un travail de recherche et d’analyse, selon la méthodologie enseignée à Chaillot, les élèves sont arrivés à la conclusion selon laquelle « la valeur du lieu justifie à elle seule le choix d’une grande sobriété et d’une intervention légère… Notre projet est pensé comme une mise à nu de cette architecture, laissant intactes les parties ruinées, conservant leur valeur descriptive et émotionnelle. Parce que le lieu doit aller au-delà du simple témoin du passé, parce qu’il doit vivre et être visité, notre projet, nourri de ce qu’on peut conjecturer du passé, s’appuiera sur une démarche globale répondant à la fois aux besoins conservatoires de l’existant, à la cohérence architecturale et paysagère mais également au réinvestissement du bâti et du site dans un projet résolument contemporain. »
Cette démarche délicate, rompant avec l’interventionnisme parfois rencontré, a su convaincre les Saumurois. Ils ont apprécié son respect authentique du cœur historique de leur cité. Alors que ce lieu a trop longtemps été négligé, ce projet de mise en scène sobre et efficace a toutes les chances de voir le jour.
Grâce à l’École de Chaillot, la Ville de Saumur a reçu un véritable coup de fouet intellectuel et culturel, permettant de révéler les ressources dynamiques contenues dans nos vielles pierres. À quand Chaillot 2 ?
Le couvent de la Visitation
En procédant à une analyse complète du site, les élèves ont démontré l’importance des axes
viaires par rapport à l’organisation du bâti, les conséquences du déplacement de ceux-ci (enclavement du couvent), et la constance du parcellaire dans l’organisation spatiale actuelle.
En étayant leurs hypothèses, en comparant leurs découvertes, par analogie avec les caractéristiques d’autres monuments de la même époque, ils ont retrouvé les phases de son évolution.
Puis, ils ont procédé à l’étude des pathologies, établissant un état sanitaire complet et proposant les solutions techniques correspondantes et hiérarchisées. Sous la forme d’un véritable projet d’urbanisme, ils ont élargi leurs propositions de valorisation de l’édifice à l’ensemble de l’îlot dans une recherche de cohérence.
Grâce à cet atelier, un pas immense a été fait dans la connaissance de l’édifice et sa reconnaissance dans les préoccupations patrimoniales locales.
Jean-Michel MARCHAND
Maire de Saumur